Parmi les plus de 15 000 employé.e.s de l’Université d’Arizona (dont plus de 3 100 faculty members) en 2020, des chercheurs et professeurs français ont accepté de partager leur expérience et leur vision de la coopération internationale dans leur domaine.

Originaire de Marseille et après une carrière d’animateur de radio FM et DJ, Alain-Philippe Durand, tente sa chance aux Etats-Unis en 1988. Après des premiers diplômes en management [Business Administration], espagnol et littérature française à Emporia State University dans le Kansas, il obtient deux maîtrises (MAs) en littérature française et études latino-américaines à l’Université du Kansas puis un doctorat (PhD) en littérature française à l’Université de Caroline du Nord-Chapel Hill. Sur le plan professionnel, il est enseignant-chercheur à l’Université de Rhode Island avant d’être recruté en 2010 par l’Université d’Arizona pour diriger la School of International Languages, Literatures, and Cultures et le programme Africana Studies ; puis comme Doyen du College of Humanities en 2016.
Comment êtes-vous devenu professeur puis Dean du College of Humanities à l’Université d’Arizona?
Originaire de Marseille et après une carrière d’animateur de radio FM et DJ, j’ai décidé d’effectuer le grand saut et de partir tenter ma chance aux Etats-Unis en 1988. J’ai obtenu mes premiers diplômes en management [Business Administration], espagnol et littérature française à Emporia State University dans le Kansas. A la croisée des chemins, j’ai refusé une offre d’emploi chez Orangina France pour poursuivre une carrière universitaire. Après deux maîtrises (MAs) en littérature française et études latino-américaines à l’Université du Kansas puis un doctorat (PhD) en littérature française à l’Université de Caroline du Nord-Chapel Hill, j’ai obtenu un poste d’enseignant-chercheur à l’Université de Rhode Island. En 2010, l’Université d’Arizona m’a recruté pour diriger la School of International Languages, Literatures, and Cultures et le programme Africana Studies ; puis comme Doyen du College of Humanities en 2016. L’Université d’Arizona m’a tout de suite attiré pour deux raisons principales qui aujourd’hui encore demeurent des atouts incontestés : les études et collaborations interdisciplinaires y sont encouragées et favorisées comme nulle part ailleurs ; l’Université respecte et investit dans les humanités au point d’y consacrer un « College », une rareté aux Etats-Unis où les humanités sont trop souvent négligées et regroupées avec toutes sortes de disciplines dans ce que j’appelle le College of Everything Else.
Comment se structure le College que vous dirigez et quelles sont ses thématiques de recherche principales actuellement ?
Le classement Times Higher Education a récemment classé l’Université d’Arizona dixième parmi les universités publiques américaines pour les arts et humanités.
Le College of Humanities comprend 18 départements, programmes et centres de recherches ; neuf proposent des diplômes universitaires (comme par exemple le département de français et d’italien) et neuf se focalisent uniquement sur la recherche (Ex : Center for Digital Humanities), tutorat et formations pédagogiques (Ex : Center for English as a Second Language), services (Ex : National Center for Interpretation), ou université populaire (Ex : Humanities Seminars Program), archives et programmes culturels (Ex : Poetry Center).
Le College of Humanities se caractérise par une culture interdisciplinaire prononcée. Nous avons établi des collaborations aussi bien en termes de corpus académique qu’en terme de recherche avec la plupart des autres colleges sur le campus ainsi qu’avec de nombreuses universités américaines et étrangères.
Par exemple, en 2017, nous avons créé un nouveau département d’humanités publiques et appliqués dans lequel nous proposons un diplôme équivalent à la licence avec la plus grosse croissance dans le College : le Bachelor of Arts en humanités appliqués qui permet de combiner l’étude des humanités avec l’une des disciplines suivantes : commerce, mode, design, santé publique, études sur les jeux, leadership rural.
La vision du College of Humanities que nous appliquons dans tout ce que nous entreprenons est d’humaniser le monde (Humanizing the World), c’est-à-dire de rechercher, d’enseigner et d’appliquer les compétences indispensables quels que soient les domaines de spécialisation ou industries : pensée critique, adaptabilité, communication, relations interculturelles, empathie, éthique, multilinguisme, créativité, etc.

Quelques exemples de domaines de recherches :
- humanités appliquées
- humanités numériques
- cultures, littératures et langues (Afrique, Amériques, Asie, Europe)
- lettres classiques
- études des religions
- linguistique appliquée
- pédagogie des langues secondes
- traduction et interprétation
- hip-hop et pédagogie hip-hop
Liste de quelques-uns des nombreux grand projets nationaux et internationaux auxquels nous avons participé, participons et participerons:
- NSF, NEH, IMLS, NEA, DFG (Allemagne), et aussi des collaborations avec des institutions en France, Australie, Zimbabwe, Mexique, Brésil, Japon, Chine, parmi d’autres.
Dans quels types de collaborations internationales s’intègre le College of Humanities?
Au niveau régional et national, quelques exemples en plus de ceux déjà mentionnés :
Notre College et plusieurs de nos départements, en particulier East Asian Studies, collaborent à la mission spatiale OSIRIS-Rex, dirigée par l’un de nos anciens élèves, Prof. Dante Lauretta. Voir : International Asteroid Science in the Age of Hayabusa2 and OSIRIS-REx Workshop et Bennuval.
Nous collaborons avec les colleges d’Agriculture, Architecture, Management, Médecine et Santé Publique à de nouveaux diplômes universitaires.
Nous collaborons également avec le Change and Transformation Council, un consortium qui réunit des dirigeants des plus grandes entreprises américaines, sur le thème « Humanizing the Future of Work ».
Notre Learning Games Initiative a des partenariats de recherche au Japon, en Australie et en Allemagne.
De nombreux enseignants-chercheurs dans tous nos départements et centres de recherche collaborent régulièrement avec des collègues d’autres universités et instituts à travers le monde : projets en humanités numériques à Hangzhou, Chine et à Paris, France, projets de réalisation de films au Sénégal et au Mexique, recherche pédagogique en Corée et en Ouzbékistan, archéologie en Grèce, étude de manuscrits au Tibet, projet Archéologie Bhakti (CNRS Institut Français de Pondichéry (IFP) / École française d’Extrême-Orient) en Inde, relations franco-brésiliennes au Brésil, projets L’Homme-Trace, traces et sociétés numériques (Laboratoire Human-Trace-Complex System UNESCO dirigé par Béatrice Galinon-Mélénec; Laboratoire UMR 6266 CNRS IDEES , axe 4 dirigé par Fabien Liénard; Laboratoire DeVisu-Design Visuel et Urbain dirigé par Sylvie Leleu-Merviel) en France, ainsi que d’autres projets.
Enfin, notre College a établi des accords de collaboration et d’échanges avec de nombreuses universités à travers le monde. En France, nous avons des accords et des collaborations avec Sciences Po Paris, Université Paris Diderot, Université Paris Nanterre, Université Paris-Sorbonne, Université Lyon 2, Université Montpellier 3, Université Polytechnique Hauts-de-France (Laboratoire DeVisu-Design Visuel et Urbain), Université Le Havre Normandie (GRIC ; IDEES).
Comment envisagez-vous une coopération privilégiée avec le CNRS et la recherche en sciences humaines française ?
Au-delà des coopérations et des échanges d’étudiants et d’enseignants-chercheurs déjà en place que j’ai mentionnés, des collaborations significatives pourraient avoir lieu autour de sujets de recherche liés aux humanités numériques, études postcoloniales, migrations, linguistique appliquée, pédagogie langue seconde, traduction et interprétation, cultures urbaines, pédagogie hip-hop (HHBE Hip-Hop Based Education), études transnationales, religions, littérature française et francophone, humanités appliquées.